INTERVIEWS - CHAPITRE I - ACTE III
« De boxeur pro à lieutenant de police : les confessions de Zach Calahan »
- Interview de Zach Calahan
Qu’est
ce qu’un journal sans page sport ? Bon d’accord c’est un peu pompeux de
notre part car nous n’allons pas vraiment parler de sport mais plutôt
de la reconversion après le sport. Alors sportifs de haut niveaux en
phase de déccrocher, on prend un papier, un crayon et on prend des
notes. Pour exemple, nous prendrons la reconversion de Zach Calahan de
la boxe à la police.
1 /« Bonjour, monsieur Calahan, alors pour
commencer, qu’elle est votre grade que je ne fasse pas de faute :
commissaire ? Inspecteur ? »
Bonjour, je suis lieutenant de police.
2/
« Alors reprenons depuis le début, vous avez été champion de boxe il y a
quelques années, pouvez revenir sur les moments phares de cette période
? »
Je l'ai été trois fois, durant trois années consécutives.
C'était une gloire que je devais à l'environnement d'agriculteur dans
lequel j'ai vécu. J'ai ensuite arrêté les tournois lorsque ma femme a
accouché de notre premier enfant.
3/ « Quand vous avez senti qu’il fallait raccrocher les gants ? »
Je
savais que je n'en ferais pas mon métier lorsque je me suis marié. J'ai
cessé les grands tournois lorsque mes enfants sont arrivés. J'ai
plusieurs fois arrêté, puis reprit, mais j'ai fini par abandonner -
peut-être temporairement - avant l'arrivée de ma petite dernière.
4/ « Pourquoi la police ? Etait-ce une passion d’enfance quand vous jouiez au gendarme et aux voleurs ? »
Je
n'ai jamais joué à ce jeu durant mon enfance... Non à dire vrai, petit,
je songeais surtout à reprendre les terres de mon père et à devenir
agriculteur. Puis la boxe m'a donné envie de quelque chose de plus
vivant. Connaissant un autre boxeur qui était entré dans la police, ce
dernier m'a pistonné et j'ai été pris au concours.
5/ « Dans vos débuts, vos collègues on du vous reconnaitre, comment avez-vous assurez la transition ? »
C'est
grâce aux titres que j'ai obtenu dans la boxe que l'on m'a prit aussi
facilement. J'ai échappé au bizutage, cependant mes supérieurs ne se
privaient pas d'être sévères et de me donner bon nombre d'ordre pour
faire taire la prétention que j'avais à cette époque. Vous savez,
lorsqu'on se fait connaître, on attrape vite la grosse tête. Et à mes
débuts dans la police, je n'étais pas tellement apprécié.
6/ « Comment votre famille a-t-elle vécu cette transition ? Vous ont-ils soutenu ? »
Ma
femme souhaitait me voir arrêter la boxe. Quand aux enfants, ils
étaient bien jeunes à cette époque pour se rendre compte de ce
changement. La seule chose qui devait changer pour eux, c'est de
constater que je rentrais vêtu de l'uniforme de la police.
7/ « J’imagine qu’on n’oublie pas une carrière en si peu de temps, pratiquez vous encore la boxe de temps en temps ? »
Il
m'arrive d'en pratiquer seul, oui, pour le plaisir. Et je ne suis pas
prêt d'oublier ce sport de sitôt. Je songe d'ailleurs à reprendre cette
activité en communauté. Je ne ferais pas de nouveaux tournois, mais
c'est, comme on dit, pour "se remettre dans le bain".
8/ « Et la question piège : Rêvez vous parfois d’utiliser ce que vous avez appris sur le ring dans votre travail de policier ? »
Mais
je l'utilise ! Sur le ring, on ne nous apprend pas seulement à cogner
fort ou vite. On nous apprend aussi à garder le contrôle de nos gestes, à
viser juste, à éviter et à anticiper les coups adverses. On passait des
heures allongés sans rien dire pour acquérir un calme absolu avant
l'entraînement. Donc oui, j'utilise très régulièrement tout ce que l'on
m'a appris sur le ring.